Parce que la pratique est une histoire intime, un vécu corporel ancré dans la matière indissociable d’un vécu spirituel (mon esprit)
Voici mon histoire, mon vécu, ma pratique.
Ma pratique qui me parle encore et encore brûlant d’un feu puissant, qu’ici je partage avec vous.
Le yoga se vie, s’il se montre parfois c’est à des fins pédagogiques.
L’intimité du Soi.
« Pourquoi en Ashtanga yoga pratiquons nous les mêmes séries encore et encore…
D’aucuns diront que c’est ennuyeux, voudrons de la diversité. Pourquoi?
Pour se divertir, pour éviter, éviter sans même en avoir conscience le processus transformateur du travail qui nous traverse lors de la répétition de ces séries.
La pratique Ashtanga est une technique précise et puissante qui permet de transformer la matière et l’esprit.
Tel l’alchimiste, le sadhaka active le feu transformateur qui brûlera en lui le conditionnement.
Répétition après répétition tel un artisan qui perfectionne son geste, il affûtera son esprit telles les flèches de l’arc d’Arjuna. La répétition n’est pas monotone. Avec l’attention juste, la sensibilité s’accroît et la compréhension naît.
D’abord dans sa chair, puis dans son esprit. Chaque pratique révèle son trésor à qui sait le voir.
Les séries nous raconte une histoire, notre histoire…
Voici pour moi ce que me raconte yoga Chikitsa ou la première série:
Nous démarrons avec les salutations au soleil (Suryanamaskara). Le monde de la matière est éclairé par Surya le soleil. Le monde spirituel ou de l’esprit est caractérisé par le chien (Sirius). Le chien est aussi le gardien des ténèbres. De nos ténèbres, ce qui est caché à notre conscience. Les “chien tête en haut” puis “tête en bas” sont répétés dans les salutations ainsi passe-t-on de la lumière aux ténèbres de la matière à l’esprit (Salutation A).
(Salutation B) On active la foudre avec Utkatasana pour brûler le conditionnement et l’on coupe la tête du poison de l’illusion avec Virabhadrasana, le guerrier. Toujours sont activés esprit et matière avec la répétition des “chien tête en haut” et “tête en bas”.
Cette introduction nous donne le chemin.
Démarre la série à la recherche de l’unité.
On relie les membres main et pied, matière et esprit (Padangustasana/ triangles / angle) les directions Est Ouest Nord Sud. Le lien entre les postures est samasthiti, l’équilibre de soi. On revient sur la foudre et les guerriers, on brûle, on tranche, on discerne.
Puis l’on va au sol, on s’ancre dans le réel (Dandasana) ou le bâton Merudandasana qui va nous baratter (le lien entre les postures). On va faire remonter le poison et le nectar entre chaque côté des postures et entre chaque posture on baratte (vinyasa suivi de Dandasana). Ainsi, on égalise la volonté et la réceptivité l’Ouest et l’Est (Paschimotanasana et Purvottanasana).
On travaille les genoux, le renouveau est préparé de la posture de Ardha baddha padmottanasana à Janu sirsasana. Vient Marichyasana, le rôle de l’enseignant, le passeur afin de devenir notre propre maître. Avant de prendre Navasana, le bateau qui nous porte sur les eaux de notre pensée, notre maîtrise.
Enfin on relie la matière et les genoux avec la porte de l’esprit que sont les épaules. On amène l’énergie vers la tête, début de l’ascension (Bhujapidasana) on passe la porte de l’éveil (on réveille l’être mort en nous). Avec Kurmasana, nous nous concentrons revenons à nous mêmes. Introspection, pour arriver à notre propre compréhension. Garba pindasana, notre naissance. Les ténèbres sont connus, notre part d’ombre nous est révélée. Nous entrons dans la connaissance de soi.
Nous continuons d’activer l’énergie avec des triangles et angles couchés secoués en haut en bas, l’énergie (symbolisée par les angles et triangles) s’active on barrate encore poison et nectar qui ne tardent pas à remonter. On fini par Urdhva mukha paschimottanasana, le gardien des enfers tourné vers le ciel activant notre réceptivité (étirement de la chaîne musculaire arrière) de l’Ouest, la partie cachée.
La voie est ouverte. On prend le pont de Setubandhasana la posture des bandhas. L’Appui sur la couronne ouvre notre esprit, ouverture de l’Est (avant de notre corps) favorable à notre entreprise.
Vient l’arc (urdhva dhanurasana) la réalisation ancrée des 4 Pieds (chiffre 4 la réalisation).
Les postures inversées qui représentent la réalisation de ce qui est immortel chez nous : notre esprit, notre conscience. Dans Shalamba sarvangasana (la chandelle) on intègre le poison dans notre gorge (on ferme ce passage avec le menton et cela peut faire mal parfois surtout au début).
Puis le nectar arrive avec le lotus qui révèle le joyau, le soi.
Avec Sirsasana, la posture sur la tête on s’établi dans la maîtrise de son esprit, conscience et énergie s’unissent.
Dans Savasana, le samadhi (tombeau, mort) posture du cadavre ou posture du Samadhi, de l’éveil?
Nous sommes enfin morts à l’illusion. Notre voyage peut recommencer. »
Florence Marty.